58.

Ce qui est perdu le reste à jamais, le silence se cache derrière le silence. David se tenait avec Harry et Leïla dans la lumière diffuse de Yad Vashem sur Har Hazikarron, la montagne du souvenir. Ils étaient dans Ohel Yiskor, un hall carré avec un toit en forme de tente et un mur de larges pierres arrondies. Une ouverture étroite entre les murs et le toit laissait passer une faible lumière. Le sol était fait de dalles de pierre noire posées à intervalles réguliers, sur lesquelles étaient écrits en caractères hébreux et romains les noms de vingt et un lieux en Allemagne et en Pologne. Les noms étaient inscrits là, dans la pierre, austères, le mémorial le plus sinistre dédié au plus sinistre des souvenirs : Belsen, Chelmno, Auschwitz, Majdanek, Bergen-Belsen, Dachau…

Marcus Bleich leur avait demandé de venir là pour lui, avant de commencer leur travail à l’institut d’Études sur l’Holocauste qui se trouvait également à Yad Vashem. Il ne se rendait jamais lui-même au mémorial. Comme les autres survivants, il portait son propre mémorial en lui, chaque jour de sa vie.

C’était le début de l’après-midi quand ils quittèrent Ohel Yiskor pour se rendre à l’institut, un bâtiment de grès peu élevé qui se trouvait cinq cents mètres plus bas sur la colline. On les y attendait, Harry avait téléphoné dans la matinée pour demander de l’assistance à propos d’une question urgente. Il rendait de fréquentes visites à l’institut, le personnel l’appréciait et le respectait. Mais ses visites n’étaient jamais officiellement enregistrées et on ne le connaissait sous aucun titre. Si quelqu’un était venu demander des renseignements sur lui, on lui aurait répondu qu’il n’était jamais venu et que l’institut et ses membres ne l’avaient jamais aidé dans ses travaux.

Une petite femme mince qui approchait des soixante-dix ans vint à leur rencontre. Katje Horowicz. Elle était le deuxième survivant qu’ils rencontraient ce jour-là. Elle avait survécu parce qu’elle avait été jolie dans sa jeunesse et elle portait encore les cicatrices que lui avait values sa beauté. Leïla remarqua presque immédiatement qu’elle portait un numéro tatoué sur le bras gauche, qui apparaissait quand la manche de son cardigan de laine se relevait.

Katje tendit la main à Leïla sans attendre que Harry fasse les présentations. Elle avait toujours été d’une nature impatiente et cette impatience augmentait avec l’âge. Depuis qu’elle avait été libérée du camp de concentration, elle avait toujours vécu comme si le temps lui manquait et avait passé chaque jour comme s’il eût été le dernier. Elle n’aurait pas su vivre autrement.

« Je m’appelle Katje Horowicz », dit-elle. Elle parlait l’anglais couramment avec un très fort accent. « Je suis l’assistante du directeur de l’institut. Vous devez être Mlle Rashid. Je crois comprendre que vous étiez une étudiante d’Abraham Steinhardt. Bon. Très bien. J’aimais beaucoup Abraham. C’était un homme très sensé. Comme vous, apparemment. »

Leïla se sentait mal à l’aise sous le regard direct de son interlocutrice, comme si elle était jaugée. Et Katje l’observait attentivement, en effet, bien qu’elle n’en fût pas elle-même consciente. Leïla était la première Palestinienne à pénétrer dans l’institut, et sa présence troublait la vieille femme malgré ses manières brusques et son air d’être sûre d’elle-même. L’instant d’après, Katje se retourna et serra la main de David.

« Professeur Rosen ? Enchantée de faire votre connaissance. Qu’est-ce qui amène ici un archéologue ? Nous ne sommes tout de même pas si vieux que ça ? Ou est-ce que fouiller parmi les tombes à longueur de temps vous aurait rendu morbide ? »

David regarda l’entrée peinte de couleurs vives.

« Cet endroit ne me paraît pas si morbide. »

Katje fit un signe de tête négatif.

« Non, l’endroit est plutôt gai. Il le faut pour que nous ne soyons pas déprimés, quand on travaille ici tous les jours. Toute la morbidité est dans ce que l’endroit renferme de connaissances, dans son existence même. Mais passons aux choses sérieuses. Je ne dirai pas bonjour à Harry, je le vois bien assez souvent comme ça. »

Ils passèrent une porte grise fermée à clef et ils pénétrèrent dans un couloir éclairé. Derrière les murs, on entendait le bruit de machines. Katje leur montrait le chemin tout en s’entretenant avec Harry de leurs amis communs.

La pièce dans laquelle elle les fit entrer était pleine d’ordinateurs. Tout était d’une propreté clinique, à des années-lumière des camps de la mort dont les horreurs étaient classées et répertoriées dans la banque de données de l’ordinateur central.

« Qu’est-ce que tu amènes, Harry ? demanda Katje quand ils s’assirent à la table au centre de la pièce.

— Quelques numéros », répondit Harry en sortant une pile de documents de sa serviette. Ce n’étaient pas les originaux qui avaient été découverts dans l’avion, car il ne voulait pas encore les montrer, mais simplement une copie faite la veille au soir.

« Des numéros ? Tiens, ça nous changera. »

D’habitude ils recevaient des listes de noms. Elle lui arracha le papier des mains.

« Eh bien, dis donc, qu’est-ce que c’est que ça ? Ça va prendre des jours à examiner, tout ça. »

Harry secoua la tête.

« Non, je ne crois pas. Ou on comprendra immédiatement ou on ne comprendra rien du tout. Essaies-en quelques-uns et on verra. Tu sais bien que je ne te ferais pas perdre ton temps, Katje. »

Elle grommela puis se tourna vers David et Leïla, assis l’un à côté de l’autre à un bout de la table.

« Est-ce que Harry vous a expliqué ce que tout cela signifiait ? »

Ils répondirent par un signe de tête négatif.

« Typique ! Cet idiot croit que ces machines font des tours de magie. On appuie sur une touche et hop, voilà l’information que vous vouliez. »

Elle se tourna à nouveau vers Harry. Il essaya de détourner les yeux. Ils avaient déjà eu cette conversation.

« Écoute, Harry, ce n’est pas aussi simple que ça. Pour qu’un ordinateur te transmette une information, il faut d’abord qu’il l’ait reçue. C’est pas plus difficile que ça. Regarde-moi un peu ces numéros. Qu’est-ce que c’est que ce W, là, au bout ? Depuis quand est-ce qu’on trouve des W ? Tu as trouvé une nouvelle sorte de numéros ou quoi ? Où est-ce que c’est moi qui suis idiote ? Est-ce que je vois clair ou est-ce que c’est quelque chose qu’on n’a encore jamais eu entre les mains ?

— Ne fais pas attention au W, et recherche si les numéros correspondent à quelque chose, je t’en prie. C’est important. »

Elle se retourna vers Leïla et David.

« Permettez-moi de vous expliquer, dit-elle, peut-être que vous, vous comprendrez. Nous gardons ici des fichiers sur les camps, les camps de concentration, les camps de prisonniers, les camps de réfugiés. Nous avons des noms, des numéros, des informations personnelles sur les gardes, sur les SS et sur les prisonniers. En général, ce sont les gardes qui intéressent Harry. Est-ce que vous vous rendez compte de ce que cela implique ? Nous avons accumulé les fichiers complets de CROWCASS, JAG, ACID, l’UNWCC, l’UNRRA, le She’erit ha-Peletah, la Mission de l’Agence juive, l’IRO, l’American Jewish Joint Distribution Committee, et une douzaine de petites agences et de petits comités. Ce qui veut dire que nous avons ici les dossiers de toutes les agences qui ont mené des enquêtes sur les crimes de guerre ou qui ont prêté assistance aux réfugiés. Ça fait beaucoup de fichiers, mais même Harry sait qu’ils sont incomplets. De plus, nous avons un ensemble complet de Fragebogen, le questionnaire rempli par tous les adultes dans la zone contrôlée par les Américains en Allemagne après la guerre. Il y en a plus de treize millions pour la seule année 1945. »

Elle marqua une pause avant d’ajouter :

« Est-ce que vous me suivez ?

— Non, mais continuez, fit David en souriant, nous vous écoutons.

— J’aimerais que Harry écoute, lui aussi. De toute manière, jusqu’à présent je ne vous ai parlé que du plus facile. Établir des dossiers sur les nazis ou les survivants n’est rien en comparaison du travail pour établir un dossier sur les victimes. Nous avons deux millions de noms ici, à Yad Vashem. Mais nous savons qu’au moins cinq millions de Juifs ont été tués, certains dans les camps et d’autres par les SS Einsatzgruppen. Trois millions venaient de Pologne. Tant de familles ont été entièrement exterminées qu’il est impossible de retrouver leurs noms ou leurs identités.

« Après la guerre, les Alliés ont obtenu les fichiers des camps, mais très peu sont complets. Les SS ont détruit tout ce qu’ils ont pu avant de se rendre. Nous avons les registres de certains camps et les Tötenbücher, les “Livres de la Mort”, mais c’est un peu comme un puzzle auquel il manquerait la plupart des pièces. Les prisonniers étaient d’abord regroupés dans des camps de réfugiés avant d’être tués, et là, nous avons la plupart des informations. Il y avait huit millions de réfugiés dans les camps à la fin de la guerre. Six millions d’entre eux furent rapatriés à la fin de 1945. Après, tout devient plus compliqué. Les survivants juifs commencèrent à se rendre dans les camps de réfugiés en Allemagne. Certains avaient vécu cachés, d’autres étaient dans la résistance, et un certain nombre avaient réussi à se faire passer pour aryens. Qui était qui ? Quel registre pouvait-on établir dans cette confusion ? Vous suivez quelqu’un jusqu’à un certain point, puis il apparaît ailleurs, disparaît, et on ne trouve plus sa trace. Les Alliés savaient qu’il y avait des nazis parmi les réfugiés. Les gens utilisaient des faux noms, oubliaient leur vrai nom, utilisaient pour les noms d’Europe de l’Est des orthographes spéciales, un peu trop compliquées pour les GI’s chargés d’établir les listes.

« Alors, vous voyez, personne ne va s’amuser à ramasser les morceaux qu’on a laissés derrière au cours de cette guerre. Et voilà que Harry m’apporte ces numéros et se met à attendre un miracle. Est-ce moi qui suis folle ou lui qui a perdu la tête ?

— Katje, fit Harry d’une voix posée. Tu n’as pas besoin de parler tant. Ils comprennent, et moi aussi je comprends. Nous comprenons tous. Mais je t’en supplie, essaie de faire ce que tu peux. Je te jure que c’est important. Envoie ces numéros dans ta petite machine et voyons ce qu’il en ressort. »

Elle poussa un soupir, ramassa les papiers, et s’installa devant une console. Elle tapa ses instructions puis elle envoya le premier des numéros. En moins d’une seconde la réponse s’afficha sur l’écran :

 

INFORMATIONS SECRÈTES

APPUYEZ SUR ENVOI

 

Katje regarda Harry, fronça les sourcils et, agacée, tapa de nouveau son code personnel. Un message apparut sur l’écran :

 

CODE REFUSÉ

 

« Quoi ? s’exclama-t-elle. Une restriction ? J’ai accès à toutes les informations qui se trouvent ici. »

Katje sentit la colère monter et tapa une série de numéros. Le même message apparut chaque fois sur l’écran. Arrivée au dixième numéro, elle repoussa sa chaise avec un juron, se leva et fit face aux autres.

« Il y a quelque chose qui ne va pas, dit-elle. On me refuse sans raison l’accès à la banque de données de l’ordinateur central. Il n’y a que deux catégories d’accès ici. Les membres de l’institut ont accès à toutes les informations et les visiteurs qui viennent chercher des renseignements n’ont qu’un accès limité, qui d’ailleurs est plutôt étendu. Mais j’ai entré mon code comme lorsque je veux des informations pour mon propre usage, je fais toujours comme ça pour Harry. Et ça n’est encore jamais arrivé.

— Quelles sont les informations auxquelles l’accès est généralement limité ? » demanda David.

Katje haussa les épaules.

« Ça dépend, des détails personnels sur les survivants ou leurs familles, des rapports qui ne sont encore qu’à l’état de spéculations, des preuves provenant des Spruchkammern, les tribunaux allemands de dénazification.

— Est-il possible que ces papiers renvoient au type d’information dont l’accès est limité et que quelqu’un l’ait mal programmé, de telle sorte que l’accès soit totalement barré ?

— Ça ne devrait pas arriver. Si c’est le cas, personne ne pourrait jamais retrouver ces informations. Non, l’ordinateur ne reçoit et n’accepte que des codes d’un certain type, qui rendent ce type d’erreurs impossibles. Je vais demander à Saül de venir, peut-être aura-t-il plus de succès. »

Saül Bernstein, le directeur de l’institut, était un Américain d’origine allemande, d’un certain âge, qui s’était battu avec les forces alliées après s’être échappé de l’Europe occupée. Arrivé en Israël dix ans auparavant, il avait pris en charge Yad Vashem.

Harry secoua la tête.

« Non, Katje. Il n’y arrivera pas non plus, pour le moment en tout cas. Et je crois qu’il vaut mieux informer le moins de monde possible. »

Elle lui lança un regard inquisiteur.

« Je vois », dit-elle enfin. Puis elle reprit d’un ton coupant :

« Je crois qu’on ferait mieux de s’asseoir et que l’un de vous m’explique de quoi il s’agit exactement. »

Ils s’assirent et David se mit à expliquer. Pendant un très long moment.

Le Septième Sanctuaire - Daniel Easterman
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